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2310-apres-jesus-christ
19 février 2010

Le nuage

     Le grand dirigeable vient de larguer les amarres de la ville de Posdam, en Germanie orientale où il a fait une halte pendant 45 minutes. Le traducteur a distribué des jumelles aux arrivants ainsi qu'à Rodolphe. Quelques passagers sont descendus, puis d'autres sont montés. L'énorme nez de la grande structure s'élève légèrement, on entend le ronflement des moteurs qui s'efforcent de donner à l'ensemble, de la hauteur et une vitesse. Petit à petit, le terrain rectangulaire entouré d'arbres se noie dans les habitations anciennes de cette très ancienne ville germanique. Rodolphe a retrouvé son passe-temps favoris, observer ce socialisme nouveau en prenant de la hauteur !

     Petit à petit on redécouvre la lande entourée d'eau et de végétation, le dirigeable pivote en direction nord-est qui le mènera à Berlin. Le rectangle avec la croix sont devenus minuscules ainsi que la foule qui s'était agglutinée pour observer le grand dirigeable ! Rodolphe n'a pas pu descendre pour se mêler aux gens, mais de cette hauteur il sent les choses, il sent cette société apaisée et solidaire. Pourtant pendant des siècles, des philosophes, des écrivains, des artistes et des politiques ont défendu la thèse que l'homme ne sera jamais solidaire et que le socialisme est voué à l'échec ! Qu'il faut des riches et des miséreux, que les guerres sont indispensables. Mais comme dans toute chose, depuis les premiers vols jusqu'aux premiers voyages spatiaux, il faut un début à tout. Tant qu'on a pas vu, on ne croit pas. 

     Maintenant on ne voit plus que les cheminements rectilignes et les pâtés d'immeubles coincés entre trois étangs et les canaux. Puis le LUFTTRAUM survole les forêts sauvages entourées de grands plans d'eau. L'agglomération n'est plus qu'un souvenir. De grandes étendues vertes à perte de vue où des moyens de transport rapides et souples, comme ces capsules dans des tubes transparents, parcourent des milliers de kilomètres à une vitesse stupéfiante, sous le dirigeable. Armé de ces puissantes jumelles, Rodolphe peut apercevoir des détails comme s'il y était. Et il en use et en abuse.

     Quand aux anciennes routes, elles relient villes et villages avec des pistes cyclables et des piétons sur les parties « voix romaines » parées à l'aide de très beaux pavés à l'ancienne où l'on a soigneusement évité de recouvrir systématiquement la terre et l'absorption des eaux de pluie, comme sous l'ère capitaliste, responsable des pires catastrophes écologiques. Des relais sont aménagés le long des voix de communications. Avec les jumelles, Rodolphe s'aperçoit, sur la partie « pavés plats », qu'on y a autorisé les voitures à l'ancienne, type années 20 et 30, avec des moteurs électriques. C'est tout simplement splendide. Les gens se ruent dans les voitures, habillés à l'ancienne, avec les « rencontres type années vingt » dans certains relais châteaux. Tout le long des paysages de la Germanie orientale, s'étendent canaux et bassins avec de notables mini paquebots de transports fluviaux. Rodolphe observe ça en oubliant presque le ronronnement des moteurs latéraux.

      Tout à coup, Rodolphe se réveille, dans la douceur de ce monde magnifique et sécuritaire.  Une voix annonce, dans la langue de Goethe, une information probablement très importante, mais que lui, Rodolphe, ne comprend pas. Anselme est là, il trouve l'occasion de rejouer au « je sais tout » et se demande si Rodolphe ne va pas l'accuser de tous les mots de la terre à la suite de l'attitude stupide dont il a usé à 18 ans alors qu'il vivait dans cette société incroyable. Il traduit:

              « Le dirigeable ralentit, mais je n'ai pas bien compris pourquoi ? »

       Dans le ciel magnifique, un nuage apparait, puis, les hélices qui propulsaient le grand paquebot aérien stoppent. En réalité, il ne reste plus qu'une hélice en rotation, celle qui se trouve à l'empennage arrière. Elle permet au dirigeable de conserver sa vitesse et son cap. Pourquoi ce brutal arrêt des hélice en plein vol ? Rodolphe s'angoisse facilement depuis ce stupide accident d'avion, il se met à avoir peur de tout. Surtout lorsqu'il est suspendu au dessus du vide. Il se voit dégringoler dans le vide et s'écraser au sol. Mais Anselme retrouve son rôle rassurant et protecteur, de celui qui montre et qui explique que tout va bien, en Germanie communiste, les accidents, ça n'existe pas. Ça existait en Allemagne capitaliste, au temps des avions à réaction, très polluants, dangereux et parfois très meurtriers ! Anselme montre du doigt à Rodolphe, le nuage qui se rapproche, on y distingue des centaines de milliers d'oiseaux ! Anselme fait un commentaire très juste à ce sujet:

              « Au temps du capitalisme violent et irrespectueux de la vie des hommes et de la vie en général, l'avion à réaction aurait fait un beau massacre, des milliers d'oiseaux seraient expédiés en enfer, choqués, brûlés, tués sur le coup et, avec un peu de chance, l'un des moteur de l'avion aurait pris feu occasionnant une catastrophe aérienne de plus. »

        En effet, les premiers volatiles du nuage arrivent auprès de la coque du dirigeable, les hélices qui auraient dû « hacher » plusieurs d'entre eux, ne représentent plus aucun danger. Rodolphe assiste de près à l'harmonie magnifique entre la machine, la nature et l'homme. Une technologie parmi la pire, celle du transport aérien, réconciliée avec la nature. C'est incroyable ! Il faut le voir pour le croire, un survivant du XXIè siècle aurait pensé qu'il s'agit probablement d'une fiction digne des plus grandes utopies ! Mais là, Rodolphe peut assister à ses milliers de volatiles, dont certains viennent faire un petit bonjour aux voyageurs détendus du dirigeable, qui distribuent graines et gâteries en plein vol à travers les hublots.

         Des  volatiles sont entrés dans le dirigeable pour partager le goûter de certains voyageurs. On croirait rêver ! Certains d'entre eux picorent sur les tables !!! Des passagers caressent des plumages !!! Même les serveuses communistes sont contentes, il n'y a plus une miette à nettoyer ! Rodolphe fait un constat évident, dans cette partie du monde, les volatiles n'ont plus peur de l'homme, ils échangent des convivialités, ils vivent en intelligence, ils communiquent. Rodolphe est émerveillé, ahuri ! Il prend la décision d'aller voir le médecin chef et de se débarrasser de son intra-veineuse. De toute façon, il est guéri, il ne s'est jamais senti aussi bien, il veut quitter la communauté en France et vivre en Germanie, il va descendre à Berlin et entamer les démarches nécessaires.

          Au bout de dix minutes, tous les oiseaux se ruent à l'extérieur du dirigeable, et, comme par un ordre magique reçu d'on ne sait quel chef volatile, ils intègrent le fameux nuage pour reprendre le vol vers, je suppose, le sud. Finalement, après quelques instants nécessaires pour que le nuage s'éloigne, le grand dirigeable remet ses hélices en marche et reprend sa course vers Berlin ! Rodolphe a décidé de prendre son carnet et d'inscrire tout ce qu'il voit ! Il a peur d'avoir tout oublié ou de penser qu'il a rêvé !

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  • Fiction politique et futuriste, dans 300 ans. Après l'effondrement de notre système actuel, les nouveaux rapports humains, les nouvelles valeurs de l'humanité, les rapports de force dans le monde. Personnages principaux : une voyante et des aventuriers,
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