L'église devant cette contradiction historique

     Il règne un silence religieux dans ce Grand Conciliabule où le Père Albarel de Iognas-Pratt est amené à officier devant une grande assemblée de prêtres. Le moment est grave. La situation financière des ateliers de fabrication s'est dégradée, des partis politiques se sont constitués sur le territoire contrôlé par les jésuites, apprenant l'existence de cette nouvelle communauté solidaire et durable, bravant continuellement l'autorité du Grand Prédicateur. Certains observateurs religieux avaient crié victoire en observant le départ des habitants solidaires vers d'autres hospices et les activités «sportives» de nos vétérans de courses à motos pouvaient remonter les finances rapidement. Seulement voilà, pendant que nos braves jésuites venaient apporter la bonne nouvelles à notre Prédicateur inquiet, une violente tornade s'abat sur le camps, tuant au bon endroit et pile à l'heure nos vedettes à motos. Les autorités Britanniques sont furieuses et demandent des réparations, il y avait soixante dix jeunes, on retrouve cinquante morts et quinze blessés graves !

     L' ASPAR, l'association des sols et des parcs à restaurer vient de se constituer et de demander une enquête concernant les agissements des religieux dans ce secteur sur les désordres environnementaux et les conclusions de  leur rapport peuvent très bien terminer à l'évêché ! Enfin, le pire de tout est l'annonce que ça va très mal à Paris, les religieux et les troupes de Sarkpoléon ont reculé devant une offensive de masse des troupes communardes et des troupes solidaires et durables, soutenues par d'importantes forces venant de l'est et par conséquent de Germanie. C'est sur ces constats plus ou moins catastrophiques que cette réunion maudite va commencer. Pour la première fois, le Grand Prédicateur va devoir s'expliquer ! Car sa gestion, pour le moins inhumaine du site de production et de sa ville, commence à faire du bruit dans ce vent de renouveau socialiste venant de la Proche Germanie plus ou moins communiste. Mais le Grand Prédicateur est un magicien, il a toujours eu plus d'un tour dans son sac pour brouiller les pistes, l'art du brouillage il connait !

  Le père Tarentule prend la parole et propose :

           « Monseigneur, je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais j'étais sur place et j'ai pu apercevoir ces  âmes perdues de la ferme qui s'en allaient laissant leurs biens et leurs maisons avec l'aide de personnages que je ne situe pas bien, peut-être des SDF, alentours ? Bien après j'ai aperçu cette tornade énorme qui se préparait, obligé de fuir, je n'ai pas compris la précision de ce départ avant que les jeunes ne s'amusent ! »

     Le père Horace reprend:

            « Simple coïncidence, nos occupants partaient car ils ne pouvaient plus supporter ces vacarmes ! »

     Mais le père Racio enfonce le clou:

           « Difficile à croire, que les habitants importunés s'en aillent soit, mais pratiquement tous les SDF autours qui désertent les alentours ! Ça n'est plus une coïncidence mais un plan concerté par ce mystérieux personnage que j'ai vu apparaitre!»

      Père Albanel prend la parole:

            « Oserais-tu affirmer que ce mystérieux personnage prédit et localise les tornades ? »

  Le père Racio est déstabilisé par la contradiction ! Il ne peut pas se déjuger en appuyant sa vision pourtant réelle de ce qui s'est passé et pourtant c'est bien ce qu'il a vu. Mais il commet un blasphème en affirmant une chose pareille en contradiction avec les  voix du seigneurs qui sont impénétrables !

  Le père Tarentule insiste:

            « Monseigneur, ce personnage mystérieux a, en définitive, fait partir tout le monde, c'est comme s'il les avait fait mettre à l'abri ! »

      On entend dans la salle des chuchotements de surprises et de protestations sur une chose aussi inacceptable que les allégations de nos deux prélats !  Pourtant ils ont l'air affirmatifs et sûr de leurs faits. C'est d'une gravité exceptionnelle à peine plus impensable que s'il venaient affirmer avoir vu un miracle ! Dans le conciliabule, les regards convergent désormais vers nos deux prélats qui ont l'impression étrange de se retrouver sur un banc d'accusation divine.

      Le père Richemond prend la parole:

             « La représentation des familles des victimes viendra de Grande Bretagne récupérer affaires et effets des victimes ! »

      Père Albanel demande enfin une prière pour obtenir une clémence du ciel après toutes ces épreuves successives !

      Puis le père Alvares témoigne de la virulence de cette nouvelle association sur le terrain écologique à la suite des destructions orchestrées par les jeunes :

              « L'association ASPAR demande qu'un compte rendu des derniers évènements soit établi par notre paroisse en réponses aux accusations qui nous sont portées ! »

      Mais Père Albanel coupe court à la polémique :

              « Nous ne saurions reconnaître une quelconque justification dans ce que l'on peut qualifier de comportements isolés par des jeunes venus de l'étranger, certainement pas sous notre contrôle, notez et transmettez »

      Puis on frappe à la porte, un moine apporte une dépêche à l'instant:

               « Les occupants de la petite communauté solidaire sont revenus dans leur habitations respectives avec des hommes et du matériel, ainsi que la totalité des SDF sur place ! »

      A la lecture de la dépêche, on assiste à un silence glacial dans la salle !! C'est comme si une bombe venait d'imposer une terrible contradiction spirituelle ! L'église devra expliquer la contradiction !