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2310-apres-jesus-christ
8 février 2010

La course à la mort

   Anselme redresse le nez de l'avion, intrigué par cet objet rond, allongé et pointu qui se présente par l'avant Nord-Est. Il semble tout droit se diriger vers eux. Des feux de position brillent sur une énorme cabine suspendue sous des filins parsemée de vitrines et de systèmes semblant motorisés ! En s'approchant, l'objet grossit de plus en plus.

                             « Ça doit être très grand » constate Rodolphe remis de sa surprise et de plus en plus intrigué !

                             « Approchons » propose Anselme qui venait de remettre sa chanson préférée ! En écoutant « Max qui met de la magie mine de rien dans tout ce qu'il fait » , il règle sa trajectoire d'approche.

    Des détails de plus en plus précis sur l'énorme forme fuselée apparaissent ! C'est encore plus grand qu'on aurait pu l'imaginer. A l'intérieur des bâtiments sous le fuselage, il semble que tout un tas de passagers arpentent coursives et salles de détente !

                            « C'est pas possible » ajoute Rodolphe !

                            « Ça doit bien mesurer 150 mètres ce truc » précise Anselme qui danse sur son siège de pilote au son de

      « Max ne se laisse pas étourdir par les néons des manèges ».

   Puis sur le gigantesque fuselage autours duquel Anselme amorce des trajectoires circulaires, on peut lire le nom du « paquebot aérien », pendant que « Max travaille quand son corps est d'accord »:

                                                         LUFTTRAUM

    qui signifie vraisemblablement rêve aérien !

 

       Puis un peu plus loin, on peut y lire en teuton, une phrase inconnue pour ceux qui ne pratiquent pas la langue. Mais en dessous, c'est en bon français qu'on arrive à lire la phrase:

 

           « Bienvenue au dessus des communautés Germaniques, veuillez allumer votre radio et la caler sur 105.5 »

 

        Anselme ne comprend pas trop ce que le Teuton entend par là. Il entend que «Max a autant d'amour dans le regard»

        Mais Rodolphe tout heureux, se saisit d'une sacoche noire et en sort un boîtier noir dont il tire une antenne conséquente qui envahit toute la cabine de l'aéroplane. Il met la radio sous tension, règle l'antenne vers le dirigeable dont il distingue à l'avant, sur le nez très pointu,  un système d'antennes très sophistiqué avec plusieurs râteaux ! Puis à l'aide d'un gros potentiomètre il cherche la bonne fréquence. Anselme qui en est à son troisième tour autour du grand dirigeable est un peu perdu devant toutes ces manipulations de Rodolphe sur la radio.

       En fait il s'inquiète à la suite de « petites saccades » qu'il ressent dans le bloc moteur ! C'est parfaitement inhabituel. Il entend les bruits insolites, les sons curieux, les craquements mystérieux qui crépitent de cette drôle de radio, mais il ne perçoit pas suffisamment les petits bruits suspects de l'avion ! Il éteint sa musique pour faciliter les manipulations de Rodolphe qui semble complètement concentré sur cette radio ! Il observe derrière les grandes cabines, quantité de câbles et d'appareillages qui parsèment les structures du gros engin volant. A l'arrière de gros moteurs munis d'hélices créent des turbulences qui déstabilisent l'aéroplane.

 

       Anselme redresse l'assiette et reprend sa trajectoire courbe tout en observant l'immense queue du dirigeable qui flotte tranquillement dans cet équilibre d' « océan aérien » tel un grand vaisseau du ciel calme et tranquille. Sous la coque fuselée et la grande nacelle, une corde qui se termine par un énorme grappin suspendu au dessus du vide. A l'extrémité de la corde, une lumière clignotante signale la position dangereuse de cette ancre redoutable et massive. Soudain, un son audible sort de la radio et fait sursauter Anselme qui pourtant s'inquiétait du moteur du petit avion ! Rodolphe vient d'établir la liaison. Une voix dans un français impeccable retentit:

                « Dirigeable Lüfttraum pour aéroplane de la communauté de Laetitia la rouge, me recevez-vous ? »

           Un peu affolé, Rodolphe se précipite sur le micro et le laisse tomber en le décrochant. Il parvient à le récupérer, appuie sur le bouton émetteur et lance:

                  « Ici Rodolphe, radio de l'aéroplane de la communauté ! Je vous reçois »

       Mais pile à ce moment là, le moteur de l'avion commence à avoir des ratés ! L'hélice qui tournait normalement jusqu'à maintenant semble adopter une rotation irrégulière et saccadée ! Anselme s'affole, il se rend compte que le petit avion perd de l'altitude et s'éloigne du dirigeable ! Il observe en catastrophe le relief qui se présente en dessous ! Mais rien à faire, de la végétation, un terrain accidenté et du relief ! A droite une toute petite prairie, impossible de l'atteindre ! Horreur.

 

          Rodolphe pousse un cri dans la radio:

                  « Au secours, nous nous écrasons ! Nous ne contrôlons plus rien, Nous sommes fichus !!! »

           Nos deux hommes lancent tout ce qu'ils peuvent par dessus bord, sauf les vêtements et les couvertures ainsi que la radio où Rodolphe attend désespérément une réponse. L'hélice reprend un peu sa rotation, Anselme en profite pour relever le nez de l'appareil et gagner de l'altitude, plus haut que le dirigeable !  Le plus haut possible si l'on pouvait atteindre cette petit prairie pour un atterrissage en catastrophe ? En prenant de la hauteur il voit qu'elle n'est pas si loin, un simple plané, si la hauteur et les courants aériens le permettent, peuvent sauver la situation. Mais au bout de deux minutes, l'hélice s'arrête pour de bon, il ne reste plus qu'à planer vers …......?  La nervosité est à son comble dans l'avion. Une voix surgit dans la radio:

                  « dirigez-vous nord, vers la prairie, accrochez vos trains d'atterrissage sur les fils électriques, l'avion perdra de la vitesse, roulez-vous en boule, posez-vous et attendez, nous nous positionnerons au dessus de vous ! »

 

         Mais le petit avion est très haut, les courants sont latéraux et nuisent à la manœuvre. Anselme n'a jamais eu autant la trouille de sa vie ! Il sait qu'il n'aura pas droit à un deuxième essai. Il a essayé deux fois de relancer le moteur mais l'hélice reste cruellement immobile. Plus l'avion se rapproche du décors, plus sa vitesse est effrayante ! Un petit réconfort, la petite prairie se rapproche très vite mais elle n'octroie qu'une centaine de mètres dans le meilleurs des cas ????? Le dirigeable a raison, faut accrocher les fils électriques qui se présentent devant. Anselme demande à Rodolphe de se tenir en boule entre les sièges.

         Il se met lui même des paquets de vêtements et de couvertures entre lui et le tableau de bord, au dernier moment il roulera dedans ! Il jette un dernier regard effrayé par dessous, horreur ! Il voit les cimes des grands arbres filer et raser le train d'atterrissage ! Les poteaux électriques ne sont plus très loin !

 

         Rodolphe se roule en boule dans les paquets de couvertures. Il garde un calme glacial, il entend l'air de la vitesse cogner et siffler sur le fuselage avec un moteur désespérément muet. Et  l'avion qui n'en finit pas de tomber. A la vitesse de ce paysage qui défile, il attend le dernier coup mortel qui ne va pas tarder et il pense à la mort ! Sa vie défile à l'envers, comme s'il devait se raccrocher à ses derniers souvenirs ! Il était si tranquille dans cette petite communauté communiste où la douceur de vivre lui procurait joie de vivre et satisfactions ! Avec sa très jolie femme et son petit garçon, qui l'attendent là-bas, mais bon dieux, pourquoi s'est-il proposé, pour aller se faire remarquer dans cette ridicule machine volante, pourquoi faire d'abord ? Il avait tout ce qu'aucun être humain non privilégié pouvait espérer depuis des milliers d'années, la sécurité et l'amour. Il repense aux parole de la chanson de Max:

                « Dans le panier de crabe, il joue pas les homards »

                « Il cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare »

        Et bien, c'est probablement pour ne pas les avoir écouté avant qu'il va mourir dans un court instant ! Qu'est ce que l'être humain peut être stupide. A ce point, il n'est pas permis !

        Le calme, un calme étonnant règne dans la cabine au dessus du vide, il n'y a plus que le vent qui donne des énormes et inquiétantes caresses sur cette carcasse qui attend son verdict sans appel.

        L'avion continue sa course folle. Soudain une gigantesque secousse, puis plus rien !

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  • Fiction politique et futuriste, dans 300 ans. Après l'effondrement de notre système actuel, les nouveaux rapports humains, les nouvelles valeurs de l'humanité, les rapports de force dans le monde. Personnages principaux : une voyante et des aventuriers,
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